Aussi longtemps que nos entendrons parler d'attaques faites dans le métro devant des témoins qui choisissent de ne rien faire (ici), ou que nous verrons des scènes comme celle-ci (fumeur de crack filmé dans le métro de Montréal devant des témoins qui ne font rien), gracieuseté du site la Clique du Plateau, le film culte THE INCIDENT (1967) de Larry Peerce ne perdra rien de sa pertinence.
THE INCIDENT (1967)
Synopsis : Vers deux heures du matin dans le métro de New York, deux voyous (Tony Musante et Martin Sheen) terrorisent les passagers du wagon où ils se trouvent.
Points forts : Voilà le genre de film que le realisateur Samuel Fuller aurait aimé, lui qui conseillait aux jeunes réalisateurs de « take your audience by the balls and don't let go ! » (Prenez les spectateurs par les couilles et ne les lâchez pas jusqu'à la fin !). C'est exactement ce que fait ce film. Une fois la première demi-heure écoulée (durant laquelle on nous présente rapidement les divers personnages en route vers le métro (couple de noirs, deux soldats en permission, couple de jeunes amoureux, couple de vieux, couple dans la quarantaine avec enfant qui dort, couple en crise, quinquagénaire alcoolique et homo introverti), le film nous en met plein la gueule avec l'arrivée dans le wagon de Jos Ferrone (performance EXCEPTIONNELLE et terrifiante de Tony Musante) et de son complice Artie (Martin Sheen dans son premier rôle au cinéma) qui prennent un plaisir sadique à tourmenter à tour de rôle les passagers impuissants qu'ils retiennent prisonniers. Ferrone a une capacité peu commune de trouver rapidement le point faible de ses victimes et de les confronter d'une façon humiliante et complètement dévastatrice. La scène où il s'acharne sur un couple de noirs (ci-dessous) est particulièrement difficile à encaisser de nos jours, même si elle reflète probablement la réalité des années 60s (comme le démontre la scène finale où les policiers qui entrent dans le métro se jettent immédiatement non pas sur les voyous, mais sur LE SEUL PASSAGER NOIR !)
Un peu comme le classique 12 Hommes en colère de Sydney Lumet, le film relève adroitement le défi de faire monter la tension sans l'aide de musique et en respectant l'unité de temps et de lieu. On y parvient grâce au jeu des acteurs (tous excellents), au recours à de nombreuses confrontations filmées en gros plans et au fait que le spectateur témoin de toute cette violence n'a d'autres choix que de s'identifier avec les personnages et de se demander : « Non mais est-ce qu'il y en a un qui va bientôt RÉAGIR dans le groupe ?? » La preuve : si vous consultez la fiche du film sur le site IMDB, vous constaterez que des commentateurs anonymes ont lancé le débat à savoir si, depuis le 11 sept, des gens se laisseraient si facilement rudoyer sans réagir ? Certains arrogants affirment que non, d'autres plus expérimentés relatent des moments de leur vie où ils ont été témoins du même genre d'incident sans que personne ne lève le doigt pour porter secours à la personne attaquée (ex : la femme sauvagement battue dans le métro de Montréal récemment). Le film nous confronte donc à cette inévitable et irritante question : « Et moi, qu'est-ce que j'aurais fait ? »
Le film n'est apparemment pas disponible en DVD (en cette époque post-Obama de rectitude politique extrême, aurait-on peur de le rendre accessible (puisqu'il contient une scène de racisme qu'on aimerait croire révolu ?). Toutefois, un bon samaritain qui en possédait probablement une copie personnelle (de mauvaise qualité, malheureusement) vient de l'afficher AU COMPLET sur YOUTUBE en segments de 10 minutes (dans sa version originale anglaise). Amusez-vous bien ...
Extrait de THE INCIDENT (Version originale anglaise) :
Meme extrait en francais (ATTENTION : Contenu non politiquement correct !) :
Fumeur de crack dans le métro de Montréal devant des passagers impassibles (sauf le caméraman, dont on salue le courage et l'intelligence ! Bravo !)
Ce n’est pas d’hier que des cinéastes se tournent vers les bandes dessinées et les Comic Books comme source d’inspiration. Des années avant WATCHMEN, SPIDERMAN, HULK, IRON MAN et autres super-héros, le légendaire cinéaste italien Mario Bava adaptait à l’écran les aventures du criminel et anti-héros masqué DIABOLIK, personnage de bandes dessinées italiennes (les fumetti) créé par les sœurs Angela et Luciana Giussani et encore très populaire aujourd’hui en Italie.
Synopsis : Grand luxe, argent volé, jaguars et repaire souterrain ultra-chic, Diabolik (John Philip Law) et sa superbe partenaire Eva (Marisa Mell, dans un rôle prévu pour Catherine Deneuve) ne se privent de rien. Pour son anniversaire, elle lui demande de voler un collier célèbre fait de onze émeraudes et ce, au vu et au su de l’inspecteur Ginko (Michel Piccoli), qui est aux trousses de Diabolik depuis des années. Un défi que saura relever Diabolik, non sans de lourdes conséquences ...
Points forts : Mario Bava s’est surtout fait connaître dans le cinéma d’horreur (les fameux giallo italiens) et plusieurs de ses films ont atteint le statut de films cultes (en tête de liste se trouvent des classiques de l’horreur comme BLACK SUNDAY/THE MASK OF THE DEMON (1960) et LES TROIS VISAGES DE LA PEUR/BLACK SABBATH (1963)). DIABOLIK était donc pour lui un changement de ton inhabituel, mais on y retrouve toutefois les éléments typiques du style visuel de Bava : l’utilisation fort habile de caches (Matte paintings) donnant l’illusion de décors gigantesques (voir les scènes hallucinantes du repaire sous-terrain de Diabolik, ci-dessous), les éclairages faits de couleurs primaires (dominantes de vert et de rouge), les cadrages extrêmes rappelant ceux des bandes dessinées, etc. Le film bénéficie aussi d’une excellente trame sonore d’Ennio Morricone qui, pour une rare fois dans sa carrière, délaisse le style Western pour des airs à gogo typiques de l’époque mais qui, bizarrement, n’ont pas trop mal vieilli et s’écoutent encore très bien aujourd’hui (voir extraits ci-dessous). La trame sonore du film se retrouvait en 3ième position de la liste des ‘ Top Movie Soundtracks of all time ’ dressée par le magazine GQ dans son numéro de mars 2002. Le look du film a inspiré un vidéo clip des Beastie Boys (Body Moving) et le film CQde Roman Coppola (2001). BONUS : Le DVD du film offre un commentaire amusant et tres interessant du sympathique John Philip Law. Deep, deep down ... "
Bande annonce de DIABOLIK :
Premières minutes de DIABOLIK (et chanson thème DEEP, DEEP DOWN chantée par Christy (Maria Christina Brancucci) :
Guitare électrique frénétique jouée par Alessandro Alessandroni :