"Ce n'est pas d'ou vous prenez vos idees qui compte, mais ou vous les amenez." Godard
Thursday, September 2, 2010
TWO-LANE BLACKTOP/THE VANISHING POINT (1971)
" If I'm not grounded pretty soon, I'm gonna go into orbit ..." Warren Oates dans TWO-LANE BLACKTOP
De nombreux films cultes le deviennent en raison du mystère/légendes urbaines qui circulent à leur sujet (ex : Comment David Lynch a-t-il réalisé les effets spéciaux du bébé-monstre de ERASERHEAD (secret qu’il n’a encore jamais dévoilé) ? etc.).
D’autres le deviennent parce qu’ils sortent en salles à un moment formidablement opportun et que toute une génération de spectateurs s’identifient allègrement aux personnages principaux (on pense tout de suite à EASY RIDER ou à THE GRADUATE, à la fois films cultes ET grands succès commerciaux de la fin des années 60). Dans la même veine et à la même époque, on retrouve aussi ces deux films cultes existentialistes moins connus que sont VANISHING POINT (1971) (v.f. POINT LIMITE ZERO) et TWO-LANE BLACKTOP (1971) (v.f. MACADAM A DEUX VOIES), véritables hommages au culte que vouent les américains à l’automobile.
Synopsis : Dans VANISHING POINT, un vétéran du Vietnam appelé Kowalski (Barry Newman) décide sur un coup de tête qu'il va conduire sa Dodge Challenger 1970 de Denver à San Francisco en un temps record, faisant fi des lois et de la police qui est vite à ses trousses. Sur la route, il rencontre divers représentants de la contre-culture hippie de l'époque qui, d'une manière ou d'une autre, lui viennent en aide, le tout au son d'une excellente trame sonore des années 70s. TWO-LANE BLACKTOP est un film à l'image de ses deux protagonistes : peu bavard et dénué d'émotion. En fait, on pousse la symbolique existentialiste jusqu'à ne pas donner de noms aux personnages principaux ! Ainsi, le Conducteur (le chanteur James Taylor) et le Mécanicien (Dennis Wilson, ex-batteur des Beach Boys) ne vivent que pour rafistoler leur Chevrolet 55 et participer à des courses de hot-rods. Sur la route, ils rencontrent l'excentrique et verbomoteur Warren Oates au volant de sa GTO. Ce dernier leur propose une course à laquelle ils participent sans grand enthousiaste, jusqu'à ce qu'ils y perdent tout intérêt et qu'ils retournent à leur seule et véritable passion : les courses de hot-rods.
Points forts : VANISHING POINT possède quelque chose qui fait terriblement défaut à TWO-LANE BLACKTOP, soit une trame sonore entraînante faite de grands succès de l'époque (on les retrouve presque tous sur YOUTUBE). Et puis il est beaucoup plus facile de s'identifier au sympathique rebelle qu’est le Kowalski de VANISHING POINT qu'aux deux anonymes protagonistes de TWO-LANE BLACKTOP qui vivent dans leur bulle et se foutent complètement des gens qu'ils rencontrent sur la route (dont une jeune hippie (la Fille) qui entre et sort de leur voiture au gré de ses humeurs et à laquelle ils ne prêtent aucune attention). Je comprends que le réalisateur Monty Hellman cherchait à illustrer le vide existentiel de ces deux fous de la vitesse, mais si ce n'était de la vibrante performance de Warren Oates en conducteur complètement déjanté, ce film serait d'un ennui Antonioniesque . Dommage que le réalisateur ait choisi au montage de retirer les scènes qui nous en apprenaient plus sur les motivations des personnages (comme il l'avoue dans le commentaire qui accompagne le film). La version CRITERION du film offre un livret comportant l'excellent scénario original complet qui nous donne une meilleure idée de ce que ce film aurait pu être ... VANISHING POINT bénéficie entre autres du travail du talentueux directeur photo John A. Alonzo, dont les superbes images donnent carrément le goût d'aller se perdre en voiture sur les routes désertiques du Névada. Et, malgré ses défauts, TWO-LANE BLACKTOP comporte une des finales les plus hallucinantes (pour ne pas dire complètement pétée et psychédélique) qui soit, donnant tout son sens à ce qu'on appelait à l'époque un HEAD Movie, soit un film à voir sous l'effet de substances illicites ... (voir extrait ci-dessous). Et puis il y a la performance exceptionnelle de Warren Oates, qui porte le film sur ses épaules ... « Those satisfactions are permanent ! »
Citation : TWOLANE BLACKTOP : Warren Oates, exprimant sa quête existentielle comme lui seul peut le faire : « If I'm not grounded pretty soon, I'm gonna go into orbit ! » (Si je ne me pose pas quelque part bientôt, je vais partir en orbite !)
Une des nombreuses pieces musicales de VANISHING POINT disponible sur YOUTUBE :
Warren Oates (TWO-LANE BLACKTOP) : " Just colour me gone, Baby !" (3:44)
Finale psychedelique de TWO-LANE BLACKTOP (vers 3:12): "Those satisfactions are permanent ..."
Je me suis toujours demandé si Clint Eastwood avait vu ce VANISHING POINT. Son Walt Kowalski dans Gran Torino [2008], ancien de la guerre de Corée, à quelques chose du Kowalski de Sarafian...même si la "bagnole" est une Dodge Challenger 1970 (vs Ford Gran Torino de 1972)...à suivre! ;-)
Je me suis toujours demandé si Clint Eastwood avait vu ce VANISHING POINT. Son Walt Kowalski dans Gran Torino [2008], ancien de la guerre de Corée, à quelques chose du Kowalski de Sarafian...même si la "bagnole" est une Dodge Challenger 1970 (vs Ford Gran Torino de 1972)...à suivre! ;-)
ReplyDeleteBelle découverte du Monte Hellman... Merci.
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