Thursday, January 21, 2010

LE CULTE DE JERRY LEWIS




Your films were just about a guy going nuts for two hours !
David Letterman (en entrevue avec Jerry Lewis
)


Les Français et les Américains sont célèbres pour leurs désaccords à propos de deux sujets importants : la pertinence de l’intervention armée en Irak … et le génie de Jerry Lewis !

On peut en effet se demander ce qui a amené les français à remettre la Légion d’honneur à Jerry Lewis EN 2006 (!!), quarante ans après qu’il ait réalisé ses films les plus mémorables (THE BELLBOY (1960), THE LADIES MAN (1961), THE ERRAND BOY (1961), THE NUTTY PROFESSOR (1963), THE PATSY (1964), THE FAMILY JEWELS (1965) et THE BIG MOUTH (1967) et à une époque où il n’était plus considéré aux États-Unis que comme un « has been » relégué à l’animation de téléthons.

Il faut toutefois admettre que les français avaient déjà salué le talent de Lewis bien avant 2006. Dans les années 60, les critiques des CAHIERS DU CINÉMA admiraient le fait que, à l’instar de cinéastes comme Hitchcock ou Welles, Lewis avait le contrôle total de tous les aspects de ses films (production, réalisation, scénario, interprétation), ce qui selon eux faisait de Lewis un véritable auteur (terme très prisé par LES CAHIERS à l’époque). D’accord avec eux sur ce point, mais peut-on vraiment parler de génie comique ??

Je dirais plutôt que Lewis a fait le lien entre l’époque révolue des comiques du muet (Chaplin, Keaton, Laurel et Hardy, qui ont bien sûr influencé Lewis, Lewis ayant admis recemment (sur un des bonus du DVD du NUTTY PROFESSOR) qu'il faisait lire certains de ses scenarios par nul autre que Stan Laurel !), et celle des comiques d’aujourd’hui, presque tous venus au monde grâce à leur association à l’émission SATURDAY NIGHT LIVE (qui a débuté en 1975, rappelons-le) : Chevy Chase (dont les mimiques et les films (la série des NATIONAL LAMPOON) rappellent beaucoup Lewis), Belushi, Myers, etc. et Eddie Murphy, qui ira même jusqu’à faire un re-make (passablement vulgaire !) du NUTTY PROFESSOR en 1996). Les gens qui n’étaient pas de ce monde avant l’arrivée en ondes de SATURDAY NIGHT LIVE ne le savent probablement pas, mais avant cette émission phare qui allait lancer la carrière de nombreux comédiens au cinéma, les seuls films comiques présentés à la télé (je parle de l’époque préhistorique où les magnétoscopes VHS n’existaient pas encore !) étaient ceux de Walt Disney ou de Jerry Lewis ! (La seule autre option à cette époque étant les films de Louis De Funès ou des Charlots ! Triste époque …)

Bref, pendant des années, Jerry Lewis a régné comme seul et unique “clown du cinéma” (le seul lui étant comparable étant Woody Allen qui, à ses débuts, écrivait et réalisait des comédies délirantes (TAKE THE MONEY AND RUN et BANANAS) bourrées de gags visuels rappelant Lewis. L'héritier de Lewis aujourd'hui serait bien sûr Jim Carrey (qui, à ses débuts (en 1983) dans une javascript:void(0);obscure série appelée BUFFALO BILL, interprétait un imitateur de Jerry Lewis !). Bien que certains des films de Lewis aient plutôt mal vieilli et souffrent souvent de scénarios décousus ou de longueurs (ex : THE BIG MOUTH), on retrouve dans chacun d’eux une ou deux séquences d’anthologie pouvant encore faire rire ou susciter l’admiration. En voici quelques-unes :

Le générique très jazzé et complètement démentiel de THE BIG MOUTH (JERRY LA GRANDE GUEULE). L’utilisation de la musique est ici poussée jusqu’à l’absurde : à la fin du générique (1:49), on croit que la musique va nécessairement s'arreter, mais elle continue de plus belle ! À 2:19, on se dit que ca y est, mais non : ça continue toujours ! Meme chose a 2:47 ! ;-)) Du jamais vu !




Avant de devenir lui-même réalisateur, Lewis avait joué dans des films réalisés par un certain Frank Tashlin qui avait fait carrière dans le monde des dessins animés pour la Warner Bros. Cette influence se fera sentir tout le long de la carrière de Lewis, entre autres dans des gags visuels ou Lewis prend soudainement des caracteristiques physiques très "cartoonesques" :

The Nutty professor (1963) :



The Big Mouth (1967) :



Deux séquences d’anthologie du chef-d’œuvre de Lewis (THE NUTTY PROFESSOR): La séquence de transformation (plutot troublante pour une comedie et accompagnee d'une excellente trame sonore). Puis, à 3:27 : Utilisation remarquable de la caméra subjective durant un plan séquence particulièrement audacieux pour l’époque :




Délire surréaliste dans THE BIG MOUTH : A chaque fois qu’ils aperçoivent Jerry (sosie d’un criminel qu’ils croyaient avoir assassiné), les truands tombent en état de choc !

Le premier (dans l'extrait du bateau, plus haut), puis le deuxieme ici :

(Buddy Lester) :




Et le troisième (Charlie Callas, doublé ici par le comédien français Michel Roux) :




Ma séquence favorite (Lewis et Buddy Lester dans THE LADIES MAN) : On se demande combien de fois ils ont dû reprendre la scène avant de pouffer de rire : (The Nutty Professor)



The Bellboy :

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