Saturday, December 26, 2009

LA POMME, LA QUEUE ET LES PEPINS (1974) ou "l'exploitation d'érotisme"

Les années 70s nous ont donné un grand nombre de comédies psychotroniques mal foutues caractérisées par « l’exploitation d’érotisme” (comme on pouvait le lire dans le TV Hebdo) et l’humour grivois. Mais le Québec n’est pas en reste ! Un homme ici a réussi, à lui seul, à donner au cinéma québécois ses œuvres “comiques” les plus vulgaires, les plus aberrantes de mauvais goût, et cet homme s’appelle Claude Fournier.

Dans un Québec en pleine révolution tranquille, Fournier a eu l'idée d’exploiter le filon en offrant au bon peuple ce que la religion catholique lui interdisait depuis trop longtemps. C’est probablement la seule raison qui explique l’étonnante popularité de ces navets aux scénarios débiles (et techniquement horribles) que sont LES DEUX FEMMES EN OR (1970), LES CHATS BOTTÉS (1971) et LA POMME, LA QUEUE ET LES PÉPINS (1974). Tous sont devenus des films cultes depuis (les deux derniers étant particulièrement difficiles à dénicher même dans les clubs vidéos les plus spécialisés).

Au fil des années, de nouvelles générations de jeunes cinéphiles québécois se sont approprié des extraits de ces petits chefs-d’œuvre pour les faire connaître à un nouveau public. Au début des années 90s, alors que le phénomène du Scratch-Vidéo (montage d’extraits de films et d’émissions de TV, voir ici) prenait de l’ampleur à Montréal, des soirées Scratch-Vidéo organisées dans des bars de Montréal par le collectif de Scratch-vidéastes NOS AMIS LA TV (qui comprenait Patrick Masbourian, André Lavoie (maintenant réalisateur de l’émission INFOMAN), Jean-François Boucher, François Chicoine et Dany Lavoie) ont permis la présentation publique de scratch-vidéos comportant de nombreux extraits du film culte LA POMME, LA QUEUE ET LES PÉPINS. Encore aujourd’hui, alors que le phénomène Scratch-Vidéo a été remplacé par les soirées TOTAL CRAP au Club Soda (organisées par Simon Lacroix et Pascal Pilote, voir ici), les montages qui y sont présentés rendent souvent hommage à ce classique du cinéma psychotronique québécois (un peu comme on le fait avec la version québécoise du film culte SLAP SHOT/LANCER FRAPPÉ). Plus récemment, dans le cadre de l’émission ICI LOUIS-JOSÉ HOUDE, Louis-José Houde a rendu hommage au film LA POMME, LA QUEUE ET LES PÉPINS en en diffusant des extraits juteux devant un public médusé.

Aux malheureux qui ne connaissent toujours pas ce monument de notre cinématographie nationale dans lequel on retrouve des comediens aussi connus que Janine Sutto, Gaetan Labreche, Rene Caron, Paul Buissonneau, etc., j’offre les extraits suivants :


Ti-Bé (Roméo Pérusse) et Adrienne (Janine Sutto) discutent du problème de Martial :



Compte tenu de la mauvaise qualite sonore du film (et pour le benefice de nos amis francais qui auraient de la difficulte avec l'accent quebecois), je retranscris ici les phrases cultes des differents extraits :


- Maudites bines qui veulent pas descendre ! C’est drôle, les nouvelles bines sont paquetées la tête en bas. Tu pètes pas, tu rotes avec ça. ... Y’est gras c’ui-là !

- Les bines, les cretons, la tête en fromage, c'est encore sauvage. Avec quoi tu penses qu’on fait peur aux anglais depuis 300 ans ??


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Maurice (Réal Béland) en a long à dire sur le télé québécoise. Il en parle avec sa femme (Thérèse Morange) :




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Réal Béland et Roméo Pérusse se défoulent en jouant au billard. La serveuse en tenue légère n’est nulle autre que Francine Grimaldi !!


Tuesday, December 15, 2009

LE CULTE DU DIRECTEUR PHOTO EN GENERAL, ET DE CONRAD HALL EN PARTICULIER




Il fut un temps où, à l'exception des gens oeuvrant dans l'industrie du cinéma et des cinéphiles les plus avertis, peu de gens portaient attention aux noms de techniciens (directeurs photo, monteurs, etc.) défilant au générique d'ouverture des films. Mais depuis la révolution DVD, l'ajout de suppléments de toutes sortes (entrevues avec les techniciens, commentaires du réalisateur et autres "making of ") a permis à bon nombre d'artisans de l'industrie de sortir de l'ombre et de voir leur contribution enfin reconnue à leur juste valeur (et autrement que par une hypothétique nomination aux oscars).

Certains techniciens et artisans ont même ainsi atteint le statut de super star dans leur domaine respectif (Tom Savini pour les effets spéciaux gore des films de zombie à la DAWN OF THE DEAD, la monteuse Thelma Schoonmaker pour son association avec Martin Scorsese, etc). Depuis une vingtaine d'années, les directeurs photos ont bénéficié de cet engouement, jusqu'à voir un magazine américain leur être entièrement consacré (l'excellent (mais très technique) AMERICAN CINEMATOGRAPHER). Au fil des années, on y a tracé le portrait des "maîtres de la lumière" que sont Gordon Willis (directeur photo du PARRAIN et fidèle collaborateur de Woody Allen), Vittorio Storaro (APOCALYPSE NOW), Roger Deakins (FARGO, NO COUNTRY FOR OLD MEN), etc. En 1992, un excellent documentaire (VISIONS OF LIGHT) leur a même été consacré.

Pas surprenant, donc, de constater que certains directeurs photos font l'objet d'un véritable culte auprès des cinéphiles. C'est le cas du légendaire Conrad L. Hall, qui s'est particulièrement illustré par son perfectionnisme et son audace, repoussant constamment les conventions afin de révolutionner la façon de raconter une histoire et de mettre en image la vision du réalisateur.

CONRAD HALL (1926 - 2003)

"Sometimes I would dare Conrad Hall to try something unconventional. He would ALWAYS do it !" (Parfois je mettais Conrad Hall au défi d'essayer quelque chose de non conventionnel. Il le faisait TOUJOURS !) Gerd Oswald (Realisateur - The Outer Limits)

Fils de James Horman Hall (ex-pilote durant la Première Guerre mondiale qui allait ensuite écrire le classique roman MUTINY ON THE BOUNTY adapté au cinéma en 1962 et sur lequel son fils Conrad travailla comme caméraman), Conrad Hall connut une enfance idyllique à Tahiti, où s'étaient installés ses parents. Des années plus tard, il fréquenta l'University of South California, d'abord en journalisme, puis en cinéma. Diplôme en main mais sans emploi, il fonda avec deux autres diplômés une petite compagnie de production et, pour leur premier film, ils choisirent de laisser au hasard le soin de décider qui serait réalisateur, producteur et caméraman en écrivant ces mots sur trois papiers qu'ils déposèrent dans un chapeau. Hall tira du chapeau le papier sur lequel était écrit "caméraman », et, comme on dit en anglais ... the rest is history !

Au cours d'une carrière échelonnée sur plus de 40 ans (dont dix années sabbatiques (1977 à 1987) durant lesquelles Hall fit fortune en tournant des commerciaux avec son collègue Haskell Wexler), le génie de Hall fut récompensé par trois oscars (BUTCH CASSIDY AND THE SUNDANCE KID (1969), AMERICAN BEAUTY (2000)et un oscar posthume pour ROAD TO PERDITION (2003) et sept nominations (IN COLD BLOOD, THE PROFESSIONALS, SEARCHING FOR BOBBY FISHER, MARATHON MAN, DAY OF THE LOCUST, MORITURI, TEQUILA SUNRISE). Durant sa carrière, Hall se distingua par son audace et son enthousiasme contagieux, se montrant toujours prêt à expérimenter des techniques rarement utilisées auparavant (scènes entièrement tournées au téléobjectif dans ELECTRA GLIDE IN BLUE (1973), utilisation de la lumière ambiante et sous exposition dans les scènes de bar du sous-estimé FAT CITY (1972) de John Houston, scène entièrement visuelle de l'assassinat de Paul Newman tournée le soir et sous la pluie battante dans ROAD TO PERDITION) (2003), en cherchant à chaque fois "l'accident magique », i.e. l'élément visuel additionnel (et parfois accidentel, puisque Hall aimait bien improviser avec ce qui se présentait devant lui) qui augmentera l'impact d'une scène, comme le plan célèbre des "larmes" reflétées sur le visage de Robert Blake dans IN COLD BLOOD (voir extrait ci-dessous).

Les "larmes" de Robert Blake dans IN COLD BLOOD (1967) - (a partir de 1:12) :



Dans le documentaire VISIONS OF LIGHT (1993), Conrad Hall raconte la conception de cette image inoubliable (a partir de 3:10)



Pour le film FAT CITY (1972), Conrad Hall, qui désirait donner au film un look hyper réaliste, choisit d'utiliser le plus souvent possible la lumière ambiante et filma à leur insu des non acteurs (dans la séquence d'ouverture ci-dessous), histoire de capturer des images bien réelles "... of life going down the drain" (la grande misère), ce qui est le thème du film



Dans l'épisode THE FORMS OF THINGS UNKNOWN de la série THE OUTER LIMITS, le réalisateur allemand Gerd Oswald et Conrad Hall nous en mettent plein la vue en matière de délire visuel expressionniste (dont un plan très "Bergmanien" à 1:51):



FILMOGRAPHIE SELECTIVE DE CONRAD HALL :

- Episodes de la serie THE OUTER LIMITS (AU-DELA DU REEL) (1964)
- MORITURI (1965)
- INCUBUS (1966)
- COOL HAND LUKE (1967)
- HELL IN THE PACIFIC (1968)
- TELL THEM WILLIE BOY IS HERE (1969)
- BUTCH CASSIDY AND THE SUNDANCE KID (1969)
- FAT CITY (1972)
- ELECTRA GLIDE IN BLUE (1973)
- THE DAY OF THE LOCUST (1975)
- MARATHON MAN (1976)
- BLACK WIDOW (1987)
- TEQUILA SUNRISE (1988)
- CLASS ACTION (1991)
- JENNIFER EIGHT (1992)
- IN SEARCH OF BOBBY FISHER (1993)
- LOVE AFFAIR (1994)
- A CIVIL ACTION (1998)
- AMERICAN BEAUTY (1999)
- ROAD TO PERDITION (2003)

Monday, November 16, 2009

COME AND SEE (1985)



Il y a les films de guerre d'Hollywood, et puis il y a ce chef-d'oeuvre inoubliable qu'est COME AND SEE, réalisé par le cinéaste russe Elem Klimov.

Projet longtemps retardé (censure soviétique oblige), puis enfin réalisé en pleine periode de GLASTNOST, COME AND SEE est un film coup de poing que tout cinéphile se doit de voir une fois dans sa vie. Le film relate les horreurs commises par les nazis en biélorussie vers la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Tout le récit est axé sur les expériences vécues par Fliora (performance stupéfiante d'Aleksei Kravchenko), jeune résistant russe d'à peine 16 ans qui sera complètement anéanti par ce dont il sera témoin ...

En entrevue sur le matériel bonus de l'excellent DVD de Kino Video, Klimov raconte qu'il tenait à faire un film qui serait à la fois hyper-realiste et teinté de touches poétiques. Projet audacieux, casse-gueule même, mais parfaitement réussi. Les nombreux (et parfois époustouflants !) plans séquences tournés en steadycam donnent effectivement au film un cachet de "cinéma vérité" rendant certaines séquences quasi-insupportables (voir la séquence de la grange en feu, ci-dessous). Heureusement, entre les passages horrifiants, Klimov prend le temps de poser sa caméra sur les visages innocents de Fliora et de son amie Glasha, sur une cigogne qui déambule de facon incongrue en pleine forêt, sur une vache victime de balles perdues, etc.

Un film à voir absolument (bien qu'il soit difficile à trouver.) Voir chez KINO VIDEO)

Gros plans de Glasha et Fliora (vers 7:30) dans des compositions rappelant beaucoup Kubrick :



et, toujours dans l'extrait ci-dessus, superbe utilisation de la bande sonore pour illustrer le choc du bombardement (vers 12:53).

Plan séquence d'une redoutable efficacité dans l'extrait ci-dessous ! Regardez bien les images à partir de 5:25 : Glasha court, regarde derrière elle et, en quelques secondes, réalise ce qui s'est produit ... L'horreur suggérée à la dérobée ... prouvant une fois de plus que, bien souvent au cinema, LESS IS MORE ...




Suit le plan surréaliste (à 6:30, ci-dessus) où Fliora et Glasha pataugent dans les marécages pendant ce qui semble être une éternité ... tandis que la bande sonore explose en une déroutante cacophonie.


Séquence de la grange (âmes sensibles s'abstenir) :



Saturday, November 7, 2009

LISTE DES FILMS CULTES




La liste des films cultes faisant partie des volumes 1, 2 et 3 des livres CULT MOVIES de DANNY PEARY se trouve ici.

CULT MOVIES 1 (1981)

Aguirre, the Wrath of God (1972)
All About Eve (1950)
Andy Warhol’s Bad / Bad (1977)
Badlands (1974)
Beauty and the Beast (1946)
Bedtime for Bonzo (1951)
Behind the Green Door (1972)
Beyond the Valley of the Dolls (1970)
Billy Jack (1971)
Black Sunday (1960)
Brood, The (1979)
Burn! (1970)
Cage aux Folles, La (1979)
Caged Heat (1974)
Casablanca (1942)
Citizen Kane (1941)
Conqueror Worm, The / Witchfinder General, The (1968)
Dance, Girl, Dance (1940)
Deep End (1971)
Detour (1946)
Duck Soup (1933)
El Topo (1971)
Emmanuelle (1974)
Enter the Dragon (1973)
Eraserhead (1978)
Fantasia (1940)
Forbidden Planet (1956)
Force of Evil (1948)
42nd Street (1933)
Freaks (1932)
Girl Can’t Help It, The (1956)
Greetings (1968)
Gun Crazy / Deadly is the Female (1949)
Halloween (1978)
Hard Day’s Night, A (1964)
Harder They Come, The (1973)
Harold and Maude (1971)
Honeymoon Killers, The (1970)
House of Wax (1953)
I Married a Monster from Outer Space (1958)
I Walked With a Zombie (1943)
Invasion of the Body Snatchers (1956)
It’s a Gift (1934)
It’s a Wonderful Life (1946)
Jason and the Argonauts (1963)
Johnny Guitar (1954)
Killing, The (1956)
King Kong (1933)
King of Hearts (1967)
Kiss Me Deadly (1955)
Land of the Pharaohs (1955)
Laura (1944)
Little Shop of Horrors, The (1960)
Lola Montés / Sins of Lola Montés, The (1955) (1955)
Long Goodbye, The (1973)
Mad Max (1979)
Maltese Falcon, The (1941)
Man of the West (1958)
Night of the Living Dead (1968)
Nutty Professor, The (1963)
Once Upon a Time in the West (1969)
Out of the Past (1947)
Outrageous! (1977)
Pandora’s Box / Lulu (1929)
Peeping Tom (1960)
Performance (1970)
Petulia (1968)
Pink Flamingos (1973)
Plan 9 from Outer Space (1956)
Pretty Poison (1968)
Producers, The (1968)
Rain People, The (1969)
Rebel Without a Cause (1955)
Red Shoes, The (1948)
Reefer Madness / Tell Your Children / Burning Question, The / Dope Addict / Doped Youth / Love Madness (1936)
Rio Bravo (1959)
Rock ‘N Roll High School (1979)
Rocky Horror Picture Show, The (1975)
Scarlet Empress, The (1934)
Searchers, The (1956)
Shock Corridor (1963)
Shooting, The (1967)
Singin’ in the Rain (1952)
Sunset Boulevard (1950)
Sylvia Scarlett (1936)
Tall T, The (1957)
Targets (1968)
Tarzan and His Mate (1934)
Texas Chain Saw Massacre, The (1974)
Top Hat (1935)
Trash (1970)
Two For the Road (1967)
Two-Lane Blacktop (1971)
2001: A Space Odyssey (1968)
Up in Smoke (1978)
Vertigo (1958)
Warriors, The (1979)
Where’s Poppa? (1970)
Wild Bunch, The (1969)
Wizard of Oz, The (1939)

CULT MOVIES 2 (1983)

Altered States (1980)
American Friend, The (1977)
Barbarella (1968)
Basket Case (1982)
Beat the Devil (1954)
Bedazzled (1967)
Big Heat, The (1953)
Blood Feast (1963)
Blood Money (1933)
Boy and His Dog, A (1975)
Breathless (1960)
Bride of Frankenstein, The (1935)
Children of Paradise (1954)
Clockwork Orange, A (1971)
Cutter’s Way (1981)
Dark Star (1975)
Daughters of Darkness (1971)
First Nudie Musical, The (1976)
Godzilla, King of the Monsters (1956)
Great Texas Dynamite Chase, The (1977)
High School Confidential (1958)
His Girl Friday (1940)
Last Tango in Paris (1973)
Man Who Fell to Earth, The (1976)
Marnie (1964)
Massacre at Central High (1976)
Mommie Dearest (1981)
Monty Python and the Holy Grail (1974)
Morgan! / Morgan (A Suitable Case for Treatment) (1966)
Ms. 45 / Angel of Vengeance (1981)
My Darling Clementine (1946)
Night of the Demon / Curse of the Demon (1957)
Nightmare Alley (1947)
Parallax View, The (1974)
Phantom of the Paradise (1974)
Picnic at Hanging Rock (1975)
Pretty Baby (1978)
Quadrophenia (1979)
Salt of the Earth (1954)
Seventh Seal, The (1956)
Some Like it Hot (1959)
Sullivan’s Travels (1941)
Taxi Driver (1976)
To Be or Not To Be (1942)
Vanishing Point (1971)
White Heat (1949)
Wicker Man, The (1973)
Willy Wonka and the Chocolate Factory (1971)
Wuthering Heights (1939)
Zardoz (1974)


CULT MOVIES 3 (1988)

American Werewolf in London, An (1981)
Annie Hall (1977)
Black Cat, The (1934)
Blade Runner (1982)
Blue Velvet (1986)
Body Heat (1981)
Cabinet of Dr. Caligari, The (1920)
Café Flesh (1982)
Chilly Scenes of Winter (1982)
Choose Me (1984)
Diva (1982)
Dr. Strangelove or How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb (1964)
Easy Rider (1969)
Faster, Pussycat! Kill! Kill! (1966)
Five Million Years to Earth (1968)
Gentlemen Prefer Blondes (1953)
Glen or Glenda / I Led Two Lives / I Changed My Sex / He or She (1953)
Gods Must Be Crazy, The (1980)
Imitation of Life (1959)
In a Lonely Place (1950)
It’s a Mad, Mad, Mad, Mad World (1963)
Liquid Sky (1983)
Martin (1978)
Miracle on 34th Street (1947)
Monsieur Verdoux (1947)
Naked Kiss, The (1964)
Napoleon (1927)
New York, New York (1977)
Night of the Hunter (1955)
Now, Voyager (1942)
Olvidados, Los (1950)
On Her Majesty’s Secret Service (1969)
One-Eyed Jacks (1961)
Over the Edge (1979)
Psycho (1960)
Quiet Man, The (1952)
Ride the High Country (1962)
Road Warrior, The (1981)
Seconds (1966)
Sons of the Desert (1933)
Star is Born, A (1954)
Stunt Man, The (1980)
Terminator, The (1984)
That Hamilton Woman (1941)
Thief of Bagdad, The (1940)
Thing from Another World, The (1951)
Touch of Evil (1958)
Walkabout (1971)
Wanderers, The (1979)
Where the Boys Are (1960)

A la fin du premier volume paru en 1981, Peary, ne sachant pas encore s'il allait en publier un autre, ajouta une liste de titres de films cultes non mentionnés dans le premier volume. Certains de ces titres furent par la suite inclus dans les volumes 2 et 3, mais pas tous. Voici donc d'autres titres de films cultes dignes d'interêt (Les titres en caractere gras sont ceux que je recommande personnellement):

THE ADVENTURES OF ROBIN HOOD (1938), TOMMY (1975), IF (1968), PUTNEY SWOPE (1969), RAW MEAT (1973), IN THE REALM OF THE SENSES (1976), THE LAST WAVE (1977), RICHARD PRYOR LIVE IN CONCERT (1979), STARDUST (1975), PAYDAY (1973), JACKSON COUNTY JAIL (1976), CISKO PIKE (1972), MAD LOVE (1935), SWEET SWEETBACK BAADASSSSSS SONG (1971), GATES OF HEAVEN (1978), FRITZ THE CAT (1972), JOANNA (1968), GANJA AND HESS (??), RUDE BOY (1980), THE KILLING OF A CHINESE BOOKIE (1976), THE LAST WALTZ (1978), RETURN OF THE SECAUCUS SEVEN (1980), THE HIRED HAND (1971), COMMUNION/ALICE SWEET ALICE (1977), FELLINI SATYRICON (1970), THE 5000 FINGERS OF DR.T (1953), MAITRESSE (1976), FOXES (1980), DRIVE HE SAID (1972), OUT OF IT (1969), THE ATTACK OF THE GIANT LEECHES (??), ATTACK OF THE KILLER TOMATOES, SEXTETTE (1978), THE SILENT PARTNER (1978), HEAD (1968), RANCHO DELUXE (1975), WINTER KILLS (1979), UNDERGROUND USA (1980), THE POM POM GIRLS (1976), THE VELVET VAMPIRE (1971), MACON COUNTY LINE (1974), ALIEN (1979), THE DUELLISTS (1977), WRITTEN ON THE WIND (1956), THE TENANT (1976), POINT BLANK (1967).

Le dernier livre (CULT MOVIES 3) etant paru en 1988, Peary a publie plus tard sur l'Internet cette nouvelle liste de films ayant atteint le statut de films cultes :

Akira,
An Affair to Remember
L'Age D'Or
Airplane!
Algiers
All That Jazz
Alphaville
American Graffiti
Badlands
Belle de Jour
The Big Chill
Black Narcissus
Blazing Saddles
The Blob
Blood Simple
Blow-Up
The Blues Brothers
Bonnie and Clyde
Bound
Brazil
Caddyshack
Caligula
Carnival of Souls
Celine and Julie Go Boating
Chasing Amy
Chungking Express
Clerks
Crash (1996)
The Crow
The Day the Earth Stood Still
Death Watch
Deep Red
Deep Throat
Diner
Dirty Dancing
Dirty Harry
D.O.A.
Drugstore Cowboy
Ed Wood
The Enchanted Cottage
The Evil Dead
Exotica
A Face in the Crowd
Fast Times At Ridgemont High
Fellini Satyricon
Femme Fatale
La Femme Nikita
Field of Dreams
A Fistful of Dollars
Five Easy Pieces
The Fly
Foxy Brown
Friday the 13th
The Good, the Bad, and the Ugly
The Graduate
Grease
Heathers
Hellraiser
Henry & June
Henry: Portrait of a Serial Killer
Highlander
Hoop Dreams
The Kentucky Fried Movie
Kiss of Death
Koyaanisqatsi
The Last Seduction
Like Water For Chocolate
Local Hero
Lolita
Lord Love a Duck
Love and Human Remains
Mean Streets
Metropolis
Mildred Pierce
Nashville
National Lampoon's Animal House
Natural Born Killers
Nuightmare on Elm Street
9 1/2 Weeks
Old Yeller
Paths of Glory
The Piano
Pink Floyd - The Wall
The Postman
Psycho Sisters
Pulp Fiction
Putney Swope
Raising Arizona
The Rapture
Red Rock West
Repo Man
Repulsion
Reservoir Dogs
Risky Business
Safe
Salvador
Saturday Night Fever
Scarface
Scream
Seven
sex, lies, and videotape
Shack Out on 101
Shaft
The Shanghai Gesture
She's Gotta Have It
The Shining
Showgirls
Sid and Nancy
Slacker
Smoke
Somewhere in Time
Splendor in the Grass
The Stepfather
Supercop
The Sweet Smell of Success
Sweetie
Swingers
Tampopo
The Tarnished Angels
Thelma & Louise
Them!
The Thin Blue Line
The Third Man
This is Spinal Tap
The Toxic Avenger
Trainspotting
Trust
The Ubearable Lightness of Being
Underground
Videodrome
Viva Las Vegas
The Wedding Banquet
Whatever Happened to Baby Jane?
The Wild Angels
Winchester '73
Wings of Desire
Women on the Verge of a Nervous Breakdown
Woodstock
WR- Mysteries of the Organism
Zentropa

Friday, November 6, 2009

KISS ME DEADLY (1955)



Vous croyez que la Nouvelle Vague a débuté en France ? C’est certes le nom que l’on donna à ce regroupement de jeunes cinéastes français (Truffaut, Godard, Rohmer, etc.), ex-critiques de la revue Les Cahiers du Cinéma , qui donnerent un souffle nouveau au cinéma français du début des années 60, MAIS eux-mêmes avaient été influencés par l’audace d’une nouvelle génération de cinéastes américains indépendants qui, depuis quelques années, étaient déjà en train de révolutionner la façon de raconter une histoire. On pense à des réalisateurs comme Orson Welles, Nicholas Ray, Samuel Fuller et Robert Aldrich. Ce dernier réalisa en 1955 le classique film noir KISS ME DEADLY, inspiré du roman de Mickey Spillane.

Synopsis : Le détective Mike Hammer (Ralph Meeker) roule seul la nuit au volant de sa décapotable. Soudain, une femme vêtue d’un imperméable (Cloris Leachman) se jette devant sa voiture. Il la fait monter et, à bout de souffle, elle lui avoue qu’elle est poursuivie par de dangereux individus. Hammer la prend pour une cinglée, mais ils sont effectivement rattrapés par un groupe d’hommes qui les kidnappent et les torturent. Hammer en réchappe et commence alors sa propre enquête sur cette histoire aux ramifications insoupçonnables. Le récit, mené en quatrième vitesse, se termine dans une finale apocalyptique (voir extrait ci-dessous) aussi inattendue que spectaculaire !

Points forts : On peut très bien comprendre comment ce film a pu influencer les futurs cinéastes de la Nouvelle Vague (et, plus tard, Tarantino) : Aldrich s’amuse constamment à déjouer le spectateur en faisant éclater la plupart des conventions narratives Hollywoodiennes et ce, dès le générique d’ouverture, qui se déroule À L’ENVERS (!) tandis que l’on entend sur la trame sonore les halètements de Cloris Leachman à bout de souffle. Et ce n’est que le début ! L’intrigue est par la suite rondement menée et Aldrich innove a grands coups de plans sequences, de jump-cuts, de dialogues crus et en mettant en vedette un protagoniste incroyablement sadique et antipathique qui n’hésite pas à avoir recours à la violence gratuite pour obtenir ce qu’il veut (Il faut le voir prendre un plaisir sadique a fermer un tiroir sur les doigts du malheureux Dr Soberin !). Bizarrement, on s’attache quand même à lui, car les individus qu’il violente ne valent guère mieux que lui.


Anecdote : Pour des raisons obscures, le film avait fait l’objet de censure à l’époque et la fameuse scène finale avait été remontée pour la raccourcir un peu. Ainsi montée, la scène donne malheureusement l’impression que Hammer meurt dans l’explosion et offre au spectateur une finale extrêmement abrupte (La légende urbaine veut que c’est cette finale remontée que Godard aurait vue en Europe et que cette soudaine compression du temps lui aurait donné l’idée du «Jump Cut» dont il devint un fervent adepte !)Lire autres details ici

Voici la finale originale complète (Remarquez l’idée de la Boîte de Pandore, reprise par Tarantino dans PULP FICTION (i.e. La valise au contenu incandescent de Travolta !)



Et voici la version remontée (plus courte) :



Et la sequence d'ouverture :



Citation : Hammer a la femme qui se jette devant sa voiture :
" You almost wrecked my car ! Well, get in !"

Friday, October 16, 2009

L'ODYSSEE (1968)



AVERTISSEMENT : LA SÉRIE L'ODYSSÉE EST MAINTENANT (ENFIN) DISPONIBLE AU COMPLET SUR YOUTUBE !!!! (VOIR LIEN PLUS BAS DANS CET ARTICLE) Ce qui est GÉNIAL avec l’Internet et ses sous-produits (Youtube, Google, les Torrents, etc.) c’est qu’ils donnent accès à une mine d’informations auparavant inaccessibles (quel cinéphile n’a pas passé des HEURES sur l’étourdissant site Internet Movie Database www.imbd.com ?) et qu’ils permettent enfin d’avoir accès à des films obscurs qu’on ne trouve pas dans les clubs vidéos (via les torrents). YOUTUBE, entre autres, m’a permis de me taper de méchantes soirées nostalgiques à saveur psychotronique en revoyant des extraits de vieilles séries télé que seuls les gens de ma génération (40 ans et plus) ont pu visionner lors de leur diffusion originale (Ex: LE BARON, AMICALEMENT VOTRE, L'AVENTURIER, etc) Etrange sensation de voyage dans le temps ! Récemment, j’ai eu la curiosité de vérifier si je ne retrouverais pas sur Youtube des extraits de la fabuleuse mini-série L’ODYSSÉE de Franco Rossi que j’avais vue dans ma jeunesse lors de sa présentation à Radio-Canada dans les années 70s. Quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'elle s'y trouvait effectivement et ce, non seulement en français, mais également en italien et en allemand (!), ce qui me prouvait que l’ODYSSÉE venait enfin de paraître en DVD en Europe. Après tant d’années, j’allais pouvoir la revoir et l’ajouter à ma collection grace aux torrents.


L’ODYSSÉE (1968) - AVANTURE ODISEJA - LE AVVENTURE DI ULISSE

Synopsis : La série l’ODYSSÉE raconte en huit épisodes les célèbres aventures d’Ulysse, roi d’Ithaque (Bekim Fehmiu), qui quitta sa patrie pour participer à la guerre de Troie (La ruse du cheval de Troie, c’est lui !) et qui mit près de 20 ans à retrouver sa terre natale, où l’attendaient sa femme Pénélope (Irene Papas) et son fils Télémaque. Mais le chemin du retour est parsemé d’obstacles, et Ulysse doit combattre Circé la magicienne, Éol le Dieu du vent et Polyphème le Cyclope avant de retourner chez-lui et d’affronter les nombreux prétendants au trône.


Historique
: La série L’ODYSSÉE était une coproduction italienne-française-allemande et yougoslave, ce qui explique sa distribution internationale, parmi laquelle on retrouve une très jeune Barbara Bach (future Bond-Girl de THE SPY WHO LOVED ME) dans le rôle de Nausicaa. La série fut tournée sur les lieux mêmes mentionnés dans l’Odyssée d’Homère (mer méditerranée et côtes de l'ex-Yougoslavie) et ces paysages désertiques et rocailleux donnent à l’ensemble de l’œuvre un aspect austère et dépouillé (a la Pasolini), reflétant très bien ce que devait être la vie à cette époque (on est loin du côté pompeux des productions hollywoodiennes du même genre). La réalisation est constamment captivante et inventive, en particulier dans la façon de faire intervenir les diverses divinités que l’on ne voit jamais mais dont on sent constamment la présence (la Déesse Athéna, par exemple, prend tour à tour la forme humaine d’un berger, ou celle d’une voix éthérée qui envahit les rêves d’Ulysse ou de Nausicaa). On a aussi eu la bonne idée de faire intervenir les chœurs grecs de l’œuvre d’Homère qui, de temps à autres (surtout dans le dernier épisode) apparaissent à l’écran pour commenter l’intrigue, sans que cela ne semble trop incongru. De plus, le Ulysse de cette serie, loin de correspondre au cliché des héros musclés mais pas trop brillants des Peplums de l'époque, est un personnage complexe, tour à tour rusé et impulsif, parfois leader plein d'assurance, parfois complètement paumé et à la merci de la volonté des Dieux, et qui n'est pas sans contradictions (il prétend vouloir rentrer chez-lui, mais s'attarde sept années auprès de la nymphe Calypso !).

L’ensemble de l’œuvre fut réalisée par un certain Franco Rossi, mais l’équipe de production a eu l’idée géniale de recruter les services du célèbre réalisateur Mario Bava, maître du cinéma d’horreur italien, pour réaliser l’épisode où Ulysse et ses hommes se retrouvent prisonniers de Polyphème le cyclope. Cet épisode INOUBLIABLE avait terrifié plus d’un jeune téléspectateur à l’époque (moi y compris !). Il atteint des sommets inégalés de cruauté et comporte des éléments de cinéma “gore” (le cyclope tue et dévore devant nos yeux deux compagnons d’Ulysse !), ce qui, À L'ÉPOQUE, était du jamais vu au petit écran (voir l’extrait ci-dessous), le tout accompagné d’une trame sonore terriblement efficace de Carlo Rustichelli et empreint de la facture visuelle de Mario Bava (i.e. éclairages aux couleurs primaires rouges et bleues, recours au grand angle et à la contre-plongée). Un grand moment de cinéma !

On pourrait dire la même chose du dernier épisode de la série dans lequel Ulysse retrouve Pénélope (superbe Irene Papas) et assouvit sa vengeance en tuant tous les prétendants au trône (voir ci-dessous). La finale de la série atteint des dimensions mythiques inégalées depuis … (et certainement pas par ce Soap Opera Peplum qu’est la série ROME)

Premiere rencontre entre Ulysse et Nausicaa (Barbara Bach) (Version francaise)




Ulysse vs Polypheme le Cyclope (Version italienne)




Choeurs grecs et douze haches ... (v.f.)



Finale de l'ODYSSEE : Ulysse retrouve Penelope



MISE A JOUR !! LA SÉRIE EST DISPONIBLE AU COMPLET SUR YOUTUBE !!! VOICI LA PREMIERE HEURE ET DEMIE : Generique de l'ODYSSEE :




Comment la télécharger : Vous voulez télécharger les épisodes de l’ODYSSÉE en français à partir de l’Internet ? Voici comment :

Procurez vous d’abord le programme de Torrents appelé Emule, à l’adresse ci-dessous :
(http://www.emule-project.net/home/perl/general.cgi?l=1&rm=download)
(Prenez la version 49c, c'est la plus récente).

Une fois ce programme installé, le lien direct vers l’ODYSSÉE en version Torrent est sur le site tv underground, ci-dessous :

(http://tvunderground.org.ru/index.php?show=episodes&sid=21098)

Ce site est une mine d'or pour trouver des séries complètes en plusieurs langues.

Bonne chance et bon visionnement !

Tuesday, October 6, 2009

INCUBUS (1965)



Certains films cultes sont tellement obscurs qu'ils sont demeurés introuvables pendant de longues périodes de temps. C’est le cas du film INCUBUS (1965), film d’horreur tourné en esperanto (!) et mettant en vedette William Shatner.

Synopsis : Dans la contrée mystérieuse de Nomen Tuum, peuplée d'esprits maléfiques, la jeune succube Kia (superbe Allyson Ames) en a assez de séduire des hommes corrompus afin de les tuer et d'offrir leurs âmes au diable (Ils iront en enfer de toute façon, alors à quoi bon !). Elle tente donc de relever le défi de corrompre le noble et courageux Marc (William Shatner), mais son âme est tellement pure que c'est finalement lui qui la "corrompt" par la force de l'amour qu'il ressent pour elle et, à sa grande surprise, de l'amour qu'elle en vient à ressentir pour lui (C'est pas ce qui arrivait régulièrement au capitaine Kirk dans plusieurs épisodes de Star Trek ? ;)

Historique : Le film a été écrit et réalisé par Leslie Stevens, créateur de la série culte The Outer Limits (Au-delà du réel) (1963-1965). Il fallait être un peu fou (ou visionnaire ?) pour réaliser un film en Esperanto, langue parlée (ou comprise) par si peu de spectateurs, mais bizarrement, l’utilisation d’une langue “étrangère” donne à ce film américain tourné dans la région de Big Sur (Californie) un cachet “européen” intrigant (En fait, le noir et blanc, les nombreuses scènes tournées près de la mer, la protagoniste blonde aux allures suédoises parlant une langue étrangère, tous ces éléments donnent l’impression de visionner un vieux film de Bergman). L'intrigue, quoiqu'un peu mince, demeure captivante, en grande partie en raison de revirements complètement inattendus.

Leslie Stevens réussit à l’époque à convaincre certains artisans de la série Outer Limits a participé à son projet délirant, dont le légendaire directeur photo Conrad Hall (qui allait plus tard remporter de nombreux oscars pour son travail sur des films comme American Beauty ou Road to perdition et qui crée dans INCUBUS une ambiance onirique particulièrement envoutante) et le compositeur Dominic Frontiere (qui reprend ici les thèmes musicaux familiers de la série, dont ceux de l’épisode Nightmare). L’ensemble donne donc l’impression de regarder un épisode particulièrement tordu de la célèbre série d’anthologie (mais sans les limites imposées par la censure inhérente à la télé américaine des années 60s, ce qui permet à Stevens d’aller jusqu’au bout de son délire : INCUBUS comporte ainsi de nombreuses scènes de meurtres, un peu de nudité, des incantations démoniaques donnant vie à des créatures maléfiques et une séquence finale bizarroide où, trois ans avant Rosemary’s Baby, une femme se fait violer par un démon (prenant ici la forme d’une chèvre !! – voir ci-dessous).

Extraits :

Superbes images de Conrad Hall (en particulier la composition du plan de 0:17 a 0:34 sec)



L'hallucinante finale de INCUBUS (a partir de 2:20)



Le film INCUBUS connut un destin assez particulier : toutes les copies americaines du film furent accidentellement détruites peu de temps après sa sortie et le film fut considéré perdu à jamais, jusqu’à ce qu’on en découvre miraculeusement une copie à la Cinémathèque française de Paris au début des années 90s. Il fut alors remasterisé et est maintenant disponible en DVD (avec en bonus un commentaire de William Shatner et du directeur photo Conrad Hall).

Pour la petite histoire, sachez que le film INCUBUS semble avoir été marqué d’un mauvais sort : outre le fait que le film fut perdu pendant des années, l’acteur interprétant l’incubus (Milos Milos) assassina sa copine et se suicida peu de temps après la sortie du film, tout comme l’actrice jouant le rôle de la sœur de Marc (Ann Artmar) ! (Pour en savoir plus, lire l'excellent article "The curse of the INCUBUS" ici)

Film culte (pour moi) car il fait partie de ces films que j’ai mis des ANNÉES à retracer, pour enfin en trouver une copie dans un obscur club vidéo de Greenwich Village à New York.

Tuesday, September 8, 2009

Le culte de Ray Harryhausen



Je me fais plaisir aujourd'hui en parlant d'un génie de la technique d'animation image par image : Ray Harryhausen. A une époque qui pourrait sembler préhistorique pour certains (i.e. pré-Spielberg et pré-Lucas/Industrial Lights and Magic), Ray Harryhausen régnait comme le maître absolu de cette technique d'animation, donnant vie à d'inoubliables créatures mythiques et fantastiques.

Historique

C'est après avoir vu le KING KONG de 1933 que le jeune Harryhausen, ébloui par les effets spéciaux de Willis O'Brien, se mit à construire ses propres modèles de dinosaures miniatures afin de les animer par la technique de l'animation image par image. Il réussit éventuellement à présenter un démo de ses films à Willis O'Brien qui, impressionné, l'engagea comme assistant animateur pour le film MIGHTY JOE YOUNG (1949). Le film fut un succès et la longue et fructueuse carrière de Ray Harryhausen était lancée.

Si, dans les années 80s, l'apparition du nom de Steven Spielberg ou de George Lucas au générique d'un film nous assurait d'un bon divertissement, celui de Ray Harryhausen a été pendant des décennies (années 50, 60 et 70) lui aussi synonyme d'effets spéciaux stupéfiants mis au service de récits d'aventures fantastiques.

Harryhausen avait une prédilection pour les récits inspirés de la mythologie grecque (JASON AND THE ARGONAUTS (1963), CLASH OF THE TITANS (1980)) ou moyen-orientale (THE 7th VOYAGE OF SINBAD (1958), THE GOLDEN VOYAGE OF SINBAD (1974)), genre lui donnant l'occasion de donner vie à toutes sortes de créatures ailées (Pégase, harpies), de squelettes armés, de cyclopes, de dragons et de statues (Talos, Kali) qui, sous l'effet d'un quelconque sortilège, se mettent soudainement à bouger (voir extraits ci-dessous).

Il a su adapter sa technique a des films de science-fiction plus conventionnels (les magnifiques soucoupes volantes de EARTH VS THE FLYING SAUCERS (1956), le dinosaure de THE BEAST FROM 20 000 FATHOMS (1953)) et à des films d'aventures inspirés de Jules Verne (superbe séquence du crabe géant dans MYSTERIOUS ISLAND (1961)) ou de Jonathan Swift (THE THREE WORLDS OF GULLIVER (1960).

Toute une génération de futurs réalisateurs ont grandi en admirant les films de HarryHausen. John Landis a déjà décrit son premier visionnement au cinéma du 7ème VOYAGE DE SINBAD (alors qu'il était enfant) comme une "expérience transcendantale" durant laquelle il avait complètement oublié qu'il regardait un film tellement il se sentait plongé dans l'action (pas surprenant alors de voir Landis interviewer Harryhausen sur les extras du DVD du 7th voyage). En 1991, HarryHausen reçut le Gordon E.S. Award pour sa contribution technologique au cinéma des mains de Tom Hanks, qui lui dit en riant : "Le meilleur film de tous les temps n'est pas Citizen Kane, mais Jason et les Argonautes !"

Bien sûr, pour toute une nouvelle génération de jeunes spectateurs habitués aux spectaculaires effets spéciaux CGI de films comme JURASSIC PARK, les films de Ray Harryhausen sembleront aujourd'hui désuets, voire risibles. Certes, mais il n'en reste pas moins que pendant une trentaine d'années, Ray Harryhausen a à lui seul révolutionné le monde de l'animation tri-dimensionnelle et a créé certaines des séquences les plus memorables du cinéma fantastique. En voici quelques-unes :

Moment de terreur : la statue de Talos se met soudainement a bouger !



Le classique combat de Jason contre une armee de squelettes.



Finale de EARTH VS THE FLYING SAUCERS (avec commentaires de Ray Harryhausen)



GOLDEN VOYAGE OF SINBAD : La danse de kali



Crabe geant de MYSTERIOUS ISLAND

INGLORIOUS BASTERDS (2009)



Comment passer sous silence la sortie de INGLORIOUS BASTERDS, le dernier film de Quentin Tarantino ? Surtout que ce blogue a jusqu’ici mentionné de nombreux films auxquels Tarantino a déjà emprunté d’importants éléments (CHARLEY VARRICK, KISS ME DEADLY, les films de Samuel Fuller, etc.). Et puis, tout comme le reste de la filmographie Tarantinienne, BASTERDS deviendra probablement un film culte, alors … Allons y gaiement ! (En prévenant les lecteurs qui n’ont pas encore vu le film que ce texte comprend de nombreux SPOILERS !)

Dans l’ensemble, j’ai bien aimé le film, même s’il repose sur une prémisse qui est foncièrement illogique, c’est-à-dire (ATTENTION SPOILERS) : Pourquoi Hans Landa, personnage apparemment si fier de ses talents de détective et de ses nombreuses captures, LAISSE-T-IL S’ÉCHAPPER SHOSANNA au début du film ?? Il (ou ses trois sbires) aurait pu facilement l’abattre, mais il ne le fait pas ? POURQUOI ??

RÉPONSE : Parce que sinon IL N’Y AURAIT PAS DE FILM ! Bon sang mais c’est bien sûr ! ;-)

Non mais sérieusement, je croyais que ce détail nous serait éventuellement expliqué, mais il n’en est rien, et cet “illogisme’’ se révèle donc être une simple manœuvre scénaristique fort utile pour Tarantino mais légèrement agaçante pour tout spectateur soucieux de logique … Il en sera de même pour de nombreux autres points dans le film (ex : la securite plutot laxiste dans un cinema regroupant tout le haut commandement du IIIeme Reich), jusqu’à ce que chacun comprenne que la logique n’est ici pas de mise et qu’il faut accepter de se laisser porter par la magie Tarantinienne, qui fonctionne plus souvent qu’autrement.

Bien sûr, qui dit Tarantino dit nécessairement hommages ou emprunts à d’autres cinéastes, et je ne vois personnellement rien de mal à cela. (Le tout avait déjà été discuté amplement ici). En fait, je suis d’accord avec Jim Jarmusch lorsqu’il dit :

" Rien n'est original. Volez à partir de n'importe où du moment que cela entre en résonance avec votre inspiration et nourrit votre imagination. Dévorez les vieux films, les nouveaux, la musique, les livres, les peintures, les photos, les poèmes, les rêves, les conversations diverses, l'architecture, les ponts, les panneaux de signalisation, les arbres, les nuages, les plans d'eau, la lumière et les ombres. Ne sélectionnez que les choses à voler qui parlent directement à votre âme. Si vous faites cela, votre travail (et larcin) sera authentique.On ne peut pas mettre de prix sur l'authenticité, l'originalité quant a elle n'existe pas.Et ne vous embêtez pas à cacher le résultat de votre vol - Célébrez-le si vous vous le sentez. Dans tous les cas gardez à l'esprit ce que disait Jean-Luc Godard : Ce n'est pas d'où vous prenez les choses - mais où vous les amenez."

Cela dit, les hommages dans le film sont nombreux, alors je ne m’attarderai qu’au plus évident, soit celui du premier chapitre (la rencontre entre Hans Landa et M. Lapadite). Tout cinéphile qui se respecte saura que Tarantino est un grand fan du BON, LA BRUTE ET LE TRUAND de Sergio Leone. On ne sera alors pas surpris de reconnaître dans ce premier chapitre la plupart des éléments qui faisaient la force de la séquence du BON, LA BRUTE où apparaît Lee Van Cleef pour la première fois : même prise de vue éloignée de la menace qui arrive au loin, même réaction du père de famille qui dit aux enfants de sortir et qui invite l’intrus à s’asseoir à sa table, même finale explosive, etc.) (voir extrait ci-dessous). Même la musique (thème au piano ressemblant fortement aux premières notes de la pièce FUR ELISE de Beethoveen) rappelle Ennio Morricone (en particulier le "stinger" musical entendu à la fin de la scène, lorsque Shosanna s'échappe, qui est sensiblement le même que celui de la scène ci-dessous.




Tarantino parsème le film d’une multitude d’autres allusions : le court montage relatant les exploits du Sgt Hugo Stiglitz le montre plaçant une oreiller sur le visage d’une de ses victimes pour ensuite la poignarder à travers l’oreiller, ce que faisait aussi Lee Van Cleef dans LE BON LA BRUTE (mais avec un revolver). Comme le film comporte de nombreux personnages allemands, Tarantino n’a pu s’empêcher d’en appeler un Wilhelm (le cpl Wilhelm Wicki qui fête la naissance de son fils dans la taverne), soit en référence au cinéaste allemand George Wilhelm Pabst, soit en référence au fameux Wilhelm Scream, ce cri utilisé à toutes les sauces dans une myriade de films hollywoodiens depuis les années 50s (et utilisé par Tarantino dans le dernier chapitre des BASTERDS, durant la projection du film NATION’S PRIDE).

Tarantino a encore une fois ici recours à une technique moult fois utilisée par Hitchcock afin de créer le suspense, c’est-à-dire la révélation, par un détail visuel ou sonore, d’un élément d’information qui laisse présager une violence inévitable mais qui tarde à venir (ex : dans le premier chapitre, alors que la conversation semble s’éterniser, on nous montre soudainement la présence de juifs sous le plancher, ce qui sème immédiatement l’émoi chez le spectateur qui pressent avec raison que tout cela va mal se terminer; même chose pour l’arrivée du Jew Bear, annoncée par le son de son bâton de baseball qu’il frappe sur le mur du tunnel alors que la caméra fait un lent zoom vers celui-ci; même chose lorsque Landa revoit Shosanna au restaurant et qu’il lui commande un verre de lait (Ciel ! Il sait qui elle est !) ou dans la scène du bar, lorsque l’officier Nazi regarde les trois doigts du soldat britannique déguisé en officier nazi (Ciel ! Il vient de le démasquer !); bref, technique de suspense efficace, certes, mais rien de bien nouveau …

Ce qui est selon moi TRÈS audacieux de la part de Tarantino, c’est d’avoir délibérément choisi de ne pas axer l’action du film sur les Basterds et ce, MALGRÉ QUE LA BANDE-ANNONCE AIT ÉTÉ PRINCIPALEMENT AXÉE LA-DESSUS (et sur la présence de Brad Pitt) ! Il a pris le risque de décevoir de nombreux spectateurs qui s’attendaient probablement à voir un remake des 12 SALOPARDS à saveur Tarantinesque. On a l’impression qu’il a inséré les quelques scènes des Basterds (qui détonnent un peu avec le reste du film) uniquement pour faire plaisir à ce public, mais qu’en fait il est en train de nous dire : "Oui, j'aurais pu vous faire plaisir et réaliser ce genre de film, et je vous en donne même un aperçu, MAIS je préfère vous raconter l'histoire de la vengeance de Shosanna qui est beaucoup plus intéressante, et si vous me faites confiance, vous resterez jusqu'à la fin et je vous le prouverai !" Et il nous le prouve de façon magistrale !

Saluons aussi l' audace dont il fait preuve en n'hésitant pas à éliminer de façon tout à fait inattendue certains de ses personnages principaux, comme il l'avait déja fait dans PULP FICTION (John Travolta tué par Bruce Willis) et dans RESERVOIR DOGS (tous les DOGS) !

Dialogues favoris :

Shosanna : " En France, nous respectons les réalisateurs."

Bridget Von Hammersmarck : " Est-ce que vous Américains pouvez parler une autre langue que l’anglais ??!!"

Moment qui m’a bien fait rire : Lors de la présentation de Pitt et de ses acolytes déguisés en cinéastes italiens, le geste de la main fait par le soldat (Omar Doom) pour bien montrer qu’il est italien !! Trop drôle !

Moment particulièrement impressionnant : Durant la projection de NATION’S PRIDE, le projectionniste noir entrouvre la porte de la salle de cinéma où l’on voit une scène du film durant laquelle l’héroique soldat Frederick Zoller grave au couteau la croix gammée sur une planche de bois, ce qui provoque une réaction délirante de la part des spectateurs nazis.

Référence psychotronique : le faux nom utilisé par Shosanna est Emmanuelle Mimieux, même nom que l'actrice Hollywoodienne Yvette Mimieux, vedette du film culte grindhouse JACKSON COUNTY JAIL (1976), film faisant partie des films favoris de Tarantino et dans lequel elle interprète une héroine assoiffée de vengeance (à la Kill Bill) suite aux mauvais traitements qu'elle a reçus de la part de policiers Red Neck de Jackson County.

Autre détail amusant : Yvette Mimieux jouait aussi dans le classique de science-fiction THE TIME MACHINE (1960) aux côtés de l'acteur Rod Taylor ... qui joue le vieux Winston Churchill dans INGLORIOUS BASTARDS !!

ERASERHEAD (1977)



“ Un cauchemar de choses sombres et troublantes …” David lynch

Synopsis : Dans une ville industrielle aux allures post-apocalytiques, Henry Spencer (Jack Nance) doit faire face aux conséquences de ses actes lorsque sa copine (Charlotte Stewart) lui apprend qu’elle est enceinte. Elle donne éventuellement naissance à un bébé mutant qu’elle laisse aux soins d’Henry qui, dépassé par les évènements, se met à faire des cauchemars de plus en plus inquiétants.

Historique : Dans les années 70s, David Lynch était un jeune artiste peintre qui ne voyait dans le cinéma expérimental qu’une façon d’explorer de nouvelles techniques de peinture. Ses premières expériences dans le domaine, effectuées alors qu’il étudiait à la Pennsylvania Academy of Fine Arts de Philadelphie, visaient à créer des toiles animées par le biais de techniques de cinéma d’animation. Ses premiers efforts furent remarqués par un mécène (le peintre millionnaire H. Barton Wasserman) qui finança le prochain court métrage expérimental de Lynch (THE ALPHABET (4 minutes) disponible sur Youtube). Un collègue de Lynch, impressionné par le film, lui conseilla de l’envoyer à l’American Film Institue en vue d’obtenir une bourse pour en faire un autre. “Tout ce que tu as à faire, c’est d’envoyer le scénario d’un film que tu veux faire et une copie d’un film que tu as déjà fait !”. Lynch s’exécute. Quelque temps plus tard, il reçoit un appel de George Stevens Jr de l’AFI qui lui apprend qu’on lui octroie une bourse pour réaliser le film surréaliste THE GRANDMOTHER (34 minutes). Stevens révèlera plus tard que les demandes des candidats avaient été regroupées en diverses catégories, et que celle de Lynch s’était retrouvée seule dans une catégorie “inclassable” …

C’est durant le tournage de THE GRANDMOTHER que Lynch collabore pour la première fois avec l’ingénieur de son Alan Splet, qui allait l’aider toute sa carrière à créer les effets sonores troublants que l’on associe à tous ses films. Le succès de THE GRANDMOTHER (dont les thèmes principaux - la solitude, la peur, le désir de fuir une réalité trop pénible - rappellent ceux de ERASERHEAD) allait permettre à Lynch d’obtenir le financement pour filmer ERASERHEAD, son premier long métrage dont le tournage mouvementé, marqué par toutes sortes d’obstacles (principalement financiers) allait s’étendre sur plusieurs années. Le film une fois fini, Lynch en fit parvenir une copie à Ben barenholtz, propriétaire du cinéma Elgin de New York. Barenholtz avait lancé la mode des films de minuits en présentant dans son cinéma des films cultes comme ROCKY HORROR PICTURE SHOW, PINK FLAMINGOES, EL TOPO, etc. Il ajouta ERASERHEAD au programme, et le film trouva tranquillement un auditoire d'admirateurs. (Voir une très bonne liste descriptive des midnight movies ici).

Extrait du film THE GRANDMOTHER (qui utilise en autre la technique de la pixillation popularisée par le canadien Norman MacLaren dans le film NEIGHBOURS) :




Premières minutes de ERASERHEAD :



Points forts : Par l’utilisation tout à fait originale qu’il fait du son et de l’image, Lynch réussit à créer dans ERASERHEAD un univers glauque, mystérieux et unique, comme on en a rarement vu dans toute l'histoire du cinema. On doit pratiquement remonter à l’époque du cinéma muet et à des films surréalistes comme UN CHIEN ANDALOU (Luis Bunuel, 1929) ou LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI (Robert Wiene, 1920) pour trouver une oeuvre a l'imagerie aussi dérangeante (Stanley Kubrick était un grand admirateur d'ERASERHEAD, tout comme William Friedkin et l'artiste suisse H.R. Giger, createur de la creature de ALIEN). Encore aujourd'hui, Lynch refuse d'expliquer les éléments les plus étranges du film (entre autres, la facon dont il s'y est pris pour créer l'affreux bébé mutant), comparant le film à un test Rorschach pour lequel chaque spectateur aura sa propre interprétation, aussi valable que la sienne. Cela peut expliquer le fait que sur le site IMBD, les cinéphiles ont laissé jusqu’à maintenant plus de 400 commentaires, majoritairement élogieux. Chacun y va de son interprétation personnelle du film, certains y voyant la condamnation d'une sexualité irresponsable, d'autres l'illustration de la peur de la paternité (c'est ainsi que je le vois personnellement), etc ... On ne peut nier que le foetus est un motif dominant du film : un foetus "sort" de la bouche de la tête flottante de Henry au tout début du film, le bébé a des allures de foetus animal, Henry retire des foetus des entrailles de sa copine qui dort près de lui (!) et la "dame du radiateur" en écrase quelques-uns lorsqu'elle exécute sa danse ... Symbolique de tout cela ?? Mystère ...

Destruction du bébé-mutant (SPOILERS)




Tuesday, August 25, 2009

INGLORIOUS BASTERDS (2009)




Comment passer sous silence la sortie de INGLORIOUS BASTERDS, le dernier film de Quentin Tarantino ? Surtout que ce blogue a jusqu’ici mentionné de nombreux films auxquels Tarantino a déjà emprunté d’importants éléments (CHARLEY VARRICK, KISS ME DEADLY, les films de Samuel Fuller, etc.). Et puis, tout comme le reste de la filmographie Tarantinienne, BASTERDS deviendra probablement un film culte, alors … Allons y gaiement ! (En prévenant les lecteurs qui n’ont pas encore vu le film que ce texte comprend de nombreux SPOILERS !)

Dans l’ensemble, j’ai bien aimé le film, même s’il repose sur une prémisse qui est foncièrement illogique, c’est-à-dire (ATTENTION SPOILERS) : Pourquoi Hans Landa, personnage apparemment si fier de ses talents de détective et de ses nombreuses captures, LAISSE-T-IL S’ÉCHAPPER SHOSANNA au début du film ?? Il (ou ses trois sbires) aurait pu facilement l’abattre, mais il ne le fait pas ? POURQUOI ??

RÉPONSE : Parce que sinon IL N’Y AURAIT PAS DE FILM ! Bon sang mais c’est bien sûr ! ;-)

Non mais sérieusement, je croyais que ce détail nous serait éventuellement expliqué, mais il n’en est rien, et cet “illogisme’’ se révèle donc être une simple manœuvre scénaristique fort utile pour Tarantino mais légèrement agaçante pour tout spectateur soucieux de logique … Il en sera de même pour de nombreux autres points dans le film (ex : la securite plutot laxiste dans un cinema regroupant tout le haut commandement du IIIeme Reich), jusqu’à ce que chacun comprenne que la logique n’est ici pas de mise et qu’il faut accepter de se laisser porter par la magie Tarantinienne, qui fonctionne plus souvent qu’autrement.

Bien sûr, qui dit Tarantino dit nécessairement hommages ou emprunts à d’autres cinéastes, et je ne vois personnellement rien de mal à cela. (Le tout avait déjà été discuté amplement ici). En fait, je suis d’accord avec Jim Jarmusch lorsqu’il dit :

" Rien n'est original. Volez à partir de n'importe où du moment que cela entre en résonance avec votre inspiration et nourrit votre imagination. Dévorez les vieux films, les nouveaux, la musique, les livres, les peintures, les photos, les poèmes, les rêves, les conversations diverses, l'architecture, les ponts, les panneaux de signalisation, les arbres, les nuages, les plans d'eau, la lumière et les ombres. Ne sélectionnez que les choses à voler qui parlent directement à votre âme. Si vous faites cela, votre travail (et larcin) sera authentique.On ne peut pas mettre de prix sur l'authenticité, l'originalité quant a elle n'existe pas.Et ne vous embêtez pas à cacher le résultat de votre vol - Célébrez-le si vous vous le sentez. Dans tous les cas gardez à l'esprit ce que disait Jean-Luc Godard : Ce n'est pas d'où vous prenez les choses - mais où vous les amenez."

Cela dit, les hommages dans le film sont nombreux, alors je ne m’attarderai qu’au plus évident, soit celui du premier chapitre (la rencontre entre Hans Landa et M. Lapadite). Tout cinéphile qui se respecte saura que Tarantino est un grand fan du BON, LA BRUTE ET LE TRUAND de Sergio Leone. On ne sera alors pas surpris de reconnaître dans ce premier chapitre la plupart des éléments qui faisaient la force de la séquence du BON, LA BRUTE où apparaît Lee Van Cleef pour la première fois : même prise de vue éloignée de la menace qui arrive au loin, même réaction du père de famille qui dit aux enfants de sortir et qui invite l’intrus à s’asseoir à sa table, même finale explosive, etc.) (voir extrait ci-dessous). Même la musique (thème au piano ressemblant fortement aux premières notes de la pièce FUR ELISE de Beethoveen, mais provenant en fait du western spaghetti THE BIG GUNDOWN (1966)) rappelle Ennio Morricone (en particulier le "stinger" musical entendu à la fin de la scène, lorsque Shosanna s'échappe, qui est sensiblement le même que celui de la scène ci-dessous).




Tarantino parsème le film d’une multitude d’autres allusions : le court montage relatant les exploits du Sgt Hugo Stiglitz le montre plaçant une oreiller sur le visage d’une de ses victimes pour ensuite la poignarder à travers l’oreiller, ce que faisait aussi Lee Van Cleef dans LE BON LA BRUTE (mais avec un revolver). Comme le film comporte de nombreux personnages allemands, Tarantino n’a pu s’empêcher d’en appeler un Wilhelm (le cpl Wilhelm Wicki qui fête la naissance de son fils dans la taverne), soit en référence au cinéaste allemand George Wilhelm Pabst, soit en référence au fameux Wilhelm Scream, ce cri utilisé à toutes les sauces dans une myriade de films hollywoodiens depuis les années 50s (et utilisé par Tarantino dans le dernier chapitre des BASTERDS, durant la projection du film NATION’S PRIDE).

Tarantino a encore une fois ici recours à une technique moult fois utilisée par Hitchcock afin de créer le suspense, c’est-à-dire la révélation, par un détail visuel ou sonore, d’un élément d’information qui laisse présager une violence inévitable mais qui tarde à venir (ex : dans le premier chapitre, alors que la conversation semble s’éterniser, on nous montre soudainement la présence de juifs sous le plancher, ce qui sème immédiatement l’émoi chez le spectateur qui pressent avec raison que tout cela va mal se terminer; même chose pour l’arrivée du Jew Bear, annoncée par le son de son bâton de baseball qu’il frappe sur le mur du tunnel alors que la caméra fait un lent zoom vers celui-ci; même chose lorsque Landa revoit Shosanna au restaurant et qu’il lui commande un verre de lait (Ciel ! Il sait qui elle est !) ou dans la scène du bar, lorsque l’officier Nazi regarde les trois doigts du soldat britannique déguisé en officier nazi (Ciel ! Il vient de le démasquer !); bref, technique de suspense efficace, certes, mais rien de bien nouveau …

Ce qui est selon moi TRÈS audacieux de la part de Tarantino, c’est d’avoir délibérément choisi de ne pas axer l’action du film sur les Basterds et ce, MALGRÉ QUE LA BANDE-ANNONCE AIT ÉTÉ PRINCIPALEMENT AXÉE LA-DESSUS (et sur la présence de Brad Pitt) ! Il a pris le risque de décevoir de nombreux spectateurs qui s’attendaient probablement à voir un remake des 12 SALOPARDS à saveur Tarantinesque. On a l’impression qu’il a inséré les quelques scènes des Basterds (qui détonnent un peu avec le reste du film) uniquement pour faire plaisir à ce public, mais qu’en fait il est en train de nous dire : "Oui, j'aurais pu vous faire plaisir et réaliser ce genre de film, et je vous en donne même un aperçu, MAIS je préfère vous raconter l'histoire de la vengeance de Shosanna qui est beaucoup plus intéressante, et si vous me faites confiance, vous resterez jusqu'à la fin et je vous le prouverai !" Et il nous le prouve de façon magistrale !

Saluons aussi l' audace dont il fait preuve en n'hésitant pas à éliminer de façon tout à fait inattendue certains de ses personnages principaux, comme il l'avait déja fait dans PULP FICTION (John Travolta tué par Bruce Willis) et dans RESERVOIR DOGS (tous les DOGS) !

Dialogues favoris :

Shosanna : " En France, nous respectons les réalisateurs."

Bridget Von Hammersmarck : " Est-ce que vous Américains pouvez parler une autre langue que l’anglais ??!!"

Moment qui m’a bien fait rire : Lors de la présentation de Pitt et de ses acolytes déguisés en cinéastes italiens, le geste de la main fait par le soldat (Omar Doom) pour bien montrer qu’il est italien !! Trop drôle !

Moment particulièrement impressionnant : Durant la projection de NATION’S PRIDE, le projectionniste noir entrouvre la porte de la salle de cinéma où l’on voit une scène du film durant laquelle l’héroique soldat Frederick Zoller grave au couteau la croix gammée sur une planche de bois, ce qui provoque une réaction délirante de la part des spectateurs nazis.

Référence psychotronique : le faux nom utilisé par Shosanna est Emmanuelle Mimieux, même nom que l'actrice Hollywoodienne Yvette Mimieux, vedette du film culte grindhouse JACKSON COUNTY JAIL (1976), film faisant partie des films favoris de Tarantino et dans lequel elle interprète une héroine assoiffée de vengeance (à la Kill Bill) suite aux mauvais traitements qu'elle a reçus de la part de policiers Red Neck de Jackson County.

Autre détail amusant : Yvette Mimieux jouait aussi dans le classique de science-fiction THE TIME MACHINE (1960) aux côtés de l'acteur Rod Taylor ... qui joue le vieux Winston Churchill dans INGLORIOUS BASTARDS !!

Friday, August 14, 2009

Le Wilhelm Scream

NOUVELLE ALERTE !! Dans le film INGLORIOUS BASTERDS de Tarantino : dans le dernier chapitre, durant la projection du film noir et blanc NATION'S PRIDE, pas longtemps après un gros plan montrant un soldat atteint à l'oeil droit (qui saigne abondamment), on voit un autre soldat qui tombe de haut en direction de la caméra en poussant un Wilhelm Scream (qui a été légèrement modifié mais pas assez pour ne pas le reconnaître !)


ALERTE AU WILHELM SCREAM !!! AOUT 2009 !!! LE FILM "KNOWING" avec Nicolas Cage !! vers 1h02min 02 sec, dans la sequence catastrophe du metro, on entend le Wilhelm Scream !!

Le cri de Wilhelm

Il y a des films cultes, il y a des séries cultes, il y a des acteurs/actrices cultes … et il y a même des effets sonores cultes. C’est le cas du célèbre Wilhelm Scream.


Le Wilhelm Scream, dont l’auteur demeure a ce jour inconnu, est un cri particulièrement efficace enregistré en studio au début des années 50 et utilisé pour la première fois dans le film Distant drums (1951). Il était sensé représenter le cri d’un homme se faisant bouffer par un alligator. Le cri était tellement évocateur qu’il fut réutilisé deux ans plus tard dans le film The Charge at Feather River (1953) lorsqu’un personnage secondaire appelé Wilhelm est atteint d’une flèche à la jambe.

Le reste, comme on dit, fait partie de l’histoire … Ce cri si particulier a depuis été utilisé à toutes les sauces, dont TROIS fois dans la finale du film de science-fiction THEM ! (1954) (voir compilation ci-dessous). Dans les années 80s, le monteur de son Ben Burtt, un des nombreux artisans Hollywoodiens vouant un culte au «Wilhelm Scream», le fit connaître à toute une nouvelle génération de spectateurs en l’intégrant à la trame sonore du film Star Wars Episode IV : A New Hope (voir ci-dessous).

Plus récemment, le Wilhelm Scream a été entendu dans le dernier épisode de la trilogie de LORD OF THE RINGS. Depuis, des millions de spectateurs partout dans le monde restent aux aguets et tendent l’oreille, attendant sa prochaine manifestation ! Je sais qu'on l'entend dans le film DEATHPROOF de Tarantino, durant la scène où Stuntman Mike (Kurt Russell) entre en collision avec la voiture des quatre filles qu’il a rencontrées au bar … On l’entendrait aussi lorsque la mascotte prend en feu dans le film BLADES OF GLORY … D’autres l’auraient entendu durant la scène de l’attaque de Darwin dans AUSTRALIA … Et vous ? Vous l’avez entendu récemment ?? EEGHAD !!


Compilation du Wilhelm Scream :





Historique du Wilhelm Scream :



Liste des films comprenant le Wilhelm Scream ici

RESRVOIR DOGS (1992)



Il faut en général des années avant qu’un film obscur n’atteigne tranquillement le statut de film culte, souvent grâce au bouche à oreille qui permet parfois à un film ignoré lors de sa sortie de rejoindre enfin un public d’inconditionnels (On pense à des titres comme KISS ME DEADLY (1955) ou SECONDS (1966), redécouverts des années après leur apparition originale). Dans le cas du Reservoir Dogs de Tarantino, le culte s’est manifesté presqu’instantanément !

RESERVOIR DOGS (1992)

Certes, le culte s’est probablement d’abord formé autour d’une petite clique de cinéphiles et de critiques ayant su décerner chez ce jeune réalisateur inconnu qu’était alors Tarantino des qualités rares de dialoguiste (la scène d’ouverture dans le resto) et de metteur en scène (scène géniale ou Orange (Tim Roth) raconte sa rencontre fictive avec des policiers dans des toilettes publiques). Cette dernière scène est celle qui, dans mon cas, m'a convaincu que ce réalisateur serait désormais à surveiller. Quelle étonnante virtuosité pour un " débutant " ! Sans parler de l’audace démontrée tant au niveau du contenu (scène de torture d’une violence inouie) que de la forme (récit raconté de façon non-chronologique, utilisation originale de la musique, etc. etc. ) Le bouche-à-oreille a fait le reste et le culte voué à Tarantino n’a cessé de s’accroître depuis ...

Et pourtant, il s’est trouvé à l’époque (et encore aujourd’hui) des détracteurs pour reprocher à Tarantino sa propension à piquer ses meilleures idées dans les films des autres. Accusation fondée ou non ?

Petite anecdote personnelle :

Au début des années 90s, je suis allé au New York Underground Festival (édition 1995) dont le directeur était un certain Todd Phillips, alors inconnu mais maintenant connu pour avoir réalisé THE HANGOVER 1 et 2.

Une fois sur place, je constatai que le programme du Festival annonçait la projection d'un court film de 10 minutes réalisé par un certain Mike White. Le film, intitulé WHO DO YOU THINK YOU'RE FOOLING, visait à démontrer que le film RESERVOIR DOGS de Tarantino comportait d'énormes emprunts à un film asiatique de Ringo Lam appelé CITY ON FIRE (1987), emprunts qui, selon White, frisaient le plagiat. RESERVOIR DOGS étant encore frais dans la mémoire du public, la présentation du film de White constituait un Scoop suffisant pour attirer l'attention des médias. Bizarrement, la direction du Festival choisit de tuer le Scoop dans l'oeuf en retirant le film de White du programme, jugeant que sa présentation privait le reste du festival de sa juste part de l'attention médiatique ! (Toute la controverse est bien résumée au début de l'extrait ci-dessous). White a récemment mis son film sur YOUTUBE (voir ici), de sorte que vous pouvez juger vous-même de la validité de sa thèse (la démonstration est assez stupéfiante à mon avis !).

Hé bien ! Qu’en dites-vous ?

Personnellement, je ne vois pas là grand mal. Certes, White prouve que Tarantino s’est effectivement approprié des éléments importants du film CITY ON FIRE, mais Tarantino a su (selon moi) transformer cette matière première pour l’améliorer et en faire une œuvre entièrement personnelle. Bref, il a pris un film d’action ordinaire et en a fait un classique ! Comme dirait Godard : " Ce n'est pas d'où vous prenez les choses - mais ou vous les amenez."

Apparemment insatisfait, White a répété l’exercice de dénonciation de façon beaucoup moins concluante avec PULP FICTION (ci-dessous) :




Avis personnel : Et puis après ? Je crois que ce monsieur (et tous les autres détracteurs de Tarantino) devraient lire et relire cette citation de Jim Jarmusch :

regle no. 5 : " Rien n'est Original. Volez à partir de n'importe où du moment que cela entre en résonance avec votre inspiration et nourri votre imagination. Dévorez les vieux films, les nouveaux, la musique, les livres, les peintures, les photos, les poèmes, les rêves, les conversations diverses, l'architecture, les ponts, les panneaux de signalisation, les arbres, les nuages, les plans d'eau, la lumière et les ombres. Ne sélectionnez que les choses à voler qui parlent directement à votre âme. Si vous faîtes cela, votre travail (et larcin) sera authentique.On ne peut pas mettre de prix sur l'authenticité, l'originalité quant a elle n'existe pas.Et ne vous embêtez pas à cacher le résultat de votre vol - Célébrez-le si vous vous le sentez. Dans tous les cas gardez à l'esprit ce que disait Jean-Luc Godard : Ce n'est pas d'où vous prenez les choses - mais ou vous les amenez."

Tuesday, June 30, 2009

THE HONEYMOON KILLERS (1969)



" C’est ce qui est fantastique quand on est un cinéaste amateur : on peut travailler de l’intérieur. Rien ni personne n’est là pour vous dire comment faire un film. On n’a pas de modèle à suivre, on ne fait pas partie de la machine. J’ai fait ce film comme je le voulais … Comme je le voyais ..." Leonard Kastle

THE HONEYMOON KILLERS (1969)

Synopsis : Filmé en noir et blanc dans un style pseudo-documentaire, le film relate l’histoire bien réelle d’un couple que la presse de 1949 avait baptisé les Honeymoon Killers (de leurs vrais noms Martha Beck et Ray Fernandez). Ceux-ci se faisaient passer pour frère et sœur et arnaquaient des femmes seules que Ray rencontrait par le biais des petites annonces dans les journaux, pour ensuite les assassiner.

DVD : Le film a récemment fait l’objet d’une superbe ré-édition grâce à ces découvreurs de chefs-d’œuvre oubliés que sont les cinéphiles de la compagnie Criterion. Le menu du DVD est présenté de façon fort originale, les options apparaissant au sein de reproductions de petites annonces de l’époque. On y retrouve entre autres une courte mais fascinante entrevue avec le réalisateur du film, Leonard Kastle, dont HONEYMOON KILLERS fut le seul et unique film. L’entrevue permet de comprendre un peu pourquoi cet homme talentueux et passionné, qui a réalisé un film louangé par la critique (même François Truffaut en parlait comme un de ses films américains favoris), n’en a pourtant jamais fait d’autres ...

Historique : L’entrevue avec Leonard Kastle constitue un véritable cours de Guerilla filmmaking qui donnerait à tout cinéaste amateur l’envie de prendre une caméra et de tourner son propre film. Kastle est en fait un chef d’orchestre et compositeur d’opéra qui, en 1969, n’avait JAMAIS tourné un film de sa vie ! Un ami à lui (le producteur de TV Warren Steibel) lui demanda de faire de la recherche sur la fameuse histoire des Honeymoon Killers dans l’espoir d'en faire un film qui serait plus réaliste que le récent BONNIE AND CLYDE (film qui, selon lui, glorifiait les criminels de façon beaucoup trop Hollywoodienne). Ne bénéficiant que d’un budget de $150 000 (" des pinottes !" comme le dit Kastle) et ne pouvant donc se payer un vrai scénariste, Steibel demanda à Kastle d’écrire lui-même le scénario du film. " Je n’avais JAMAIS écrit de scénario de ma vie " raconte Kastle en riant. Steibel lui procure alors les scénarios de films bien connus de Fellini et de Truffaut et lui dit : " Tiens ! T’as qu’à faire comme eux !". Kastle s’exécute. Ne reste plus qu’à trouver un réalisateur, qui sera nul autre que le jeune Martin Scorsese ! Celui-ci accepte. Mais dès le début du tournage, la tension monte. Kastle raconte que Scorsese " voulait tout tourner en plans séquences et prenait beaucoup trop de temps (et d’argent !) pour fignoler ses plans ". Résultat : Scorsese est renvoyé et Kastle, qui, je le répète, n’avait jamais tourné un film de sa vie, devient réalisateur ! Kastle en parle aujourd’hui de façon assez philosophe : "Bah ! Mon scénario était très détaillé visuellement, et je savais exactement ce que je voulais ... Et puis, qu’est-ce qu’on s’en fout de la beauté des images ou de la technique, ce qui compte c’est l’histoire et la qualité de l’interprétation !"

Bien sages paroles ...

Points forts : Le miracle du film HONEYMOON KILLERS tient justement du fait que la facture un peu mal foutue de la réalisation (qualité sonore pas toujours optimale, utilisation pas toujours heureuse de la lumière ambiante, mauvais raccords, etc.) AJOUTE au réalisme de l'ensemble et donne vraiment l'impression d'assister à un documentaire au sujet d'événements horribles mais bien réels. Ce climat intimiste (" donnant l'impression de regarder par le trou d'une serrure" comme disait le scénariste Abby Mann, grand admirateur du film), combiné à la qualité de l'interprétation (superbes performances de Shirley Stoler et Tony LoBianco), donne des scènes d'un réalisme à la limite du supportable. Kastle n'utilise comme accompagnement musical que des extraits de la 6ième symphonie de Mahler.



Autre extrait ici

Film culte (pour moi) ... Parce que HONEYMOON KILLERS est l'exemple parfait de ce que peut accomplir un réalisateur novice mais talentueux qui parvient à transcender un budget famélique pour laisser sa marque en réalisant l'un des grands classiques du cinéma indépendant. On pourrait en dire autant de films comme NIGHT OF THE LIVING DEAD de George Romero, THX-1138 de George Lucas, MULTIPLE MANIACS de John Waters ou RESERVOIR DOGS de Tarantino, à la différence près que ces films ont permis de lancer la carrière prolifique de leurs réalisateurs, ce qui ne fut pas le cas de Leonard Kastle. Il aura été l'homme d'un seul film ... Mais quel film !